8 Septange 26, Cania.
L’embuscade était fin prête. Ne manquait plus que la cible.
Les soldats attendirent. Longtemps. Le temps commençait à se faire long, et la nuit tomba. L’un des soldats alluma un cigare de Kalyptus, et se prit l’instant d’après une énorme mandale de la part de son chef. Celui-ci l’injuria de tous les noms, avant de reprendre son calme.
« Essayez de patienter un peu, merde ! », murmura le chef à l’adresse de ses subordonnés.
Ils attendirent encore quelques minutes, puis un bruit de galop se fit entendre. Les soldats ramassèrent précipitamment leurs armes, et s’accroupirent, les muscles tendus.
« À mon signal », souffla le chef.
Le cavalier passa à leur hauteur.
« Allez-y ! », rugit-il.
Une corde se tendit. La Dragodinde trébucha, et chuta. Son cavalier, apeuré, bondit, et atterit en une roulade, alors qu’une horde de soldats Brâkmariens se ruait vers celui-ci. Il murmura quelque chose, et une poussière rougeoyante s’éleva. Les soldats hurlèrent de douleur, alors que leurs vêtements prenaient feu et que leur peau se couvrait de cloques.
« Attrapez-là, hurla le chef. C’est une femme, elle est faible ! Attrapez-là avant qu’elle ne s’enfuie ! »
À ces mots, la Xelor disparu.
S’en suivit une flopée de jurons de la part du meneur. Un jeune Ecaflip osa protester :
« Et vous, alors, vous restez en arrière, vous êtes un lâche ! »
Le regard du chef se mit à briller d’une lueur inquiétante.
« Ah oui ?» souffla-t-il d’une voix mauvaise.
Il s’avança d’un pas rapide vers l’Ecaflip, qui commençait à regretter d’avoir eu la langue trop pendue. Il n’eut pas le loisir de développer la réflexion beaucoup plus longtemps ; l’épée siffla, et transperça la gorge de son opposant, qui s’écroula en un gargouillement, alors que le sang jaillissait à flot de sa blessure.
« Alors, souffla-t-il en s’agenouillant près de l’Ecaflip, tu penses toujours que je suis un lâche ? »
Celui-ci répondit en un borborygme incompréhensible, tandis que le sang emplissait ses voies respiratoires.
« Quelqu’un d’autre veut vérifier si je suis un lâche ? »
Personne n’osait respirer.
« Très bien, alors on rentre. »
9 Septange 26, Bonta.
Quelqu’un frappa à la porte, et l’entre-ouvrit légèrement.
« Entrez, ordonna le vieil homme installé à son bureau.
- Capitaine El Dinnen au rapport ! Le messager semble avoir été intercepté, nous avons perdu toute trace d’elle près du Zaap. Une embuscade Brâkmarienne semble être la cause la plus plausible. C’est très problématique.
- En effet.
- Que devons-nous faire ?
Amayiro ferma les yeux quelques secondes.
- Monsieur ?
- Nous n’avons plus de messagers d’élite, et ils le savent. Tu iras toi-même. Tu passeras par le cimetière, ils s’y attendront moins.
- Bien, monsieur.
- L’avenir de cette guerre dépend de ta réussite, je compte sur toi.
- À vos ordres.
- Tu peux te retirer. N’avertis personne de ta mission. Cette fois, il est impensable d’échouer.
Année inconnue, lieu inconnu.
La mer montait et descendait tranquillement, tel qu’elle le faisait depuis des années, poursuivant son cycle éternel. Il n’y avait que peu de vent, seul le cri des Gelikans perçait.
D’un coup, quelque chose troubla le calme ambiant. Une forme sombre apparut de nulle part, et s’étala de toute sa longueur sur le sable mouillé, produisant un bruit repoussant, semblable à une ventouse.
An 642, Pâturages de Bonta.
Le groupe hétéroclite avançait à travers les pâturages. Il était constitué d’une Sram, d’un Crâ, d’un homme dont les traits étaient cachés par une capuche, ainsi que d’une étrange Sadida aux cheveux violets. Ils parurent arriver à destination, car ils s’assirent aux abords d’une plage. Ils semblaient tendus, comme s’ils attendaient quelque chose. La Sadida grelottait, et l’homme à la capuche semblait légèrement déprimé. Ils attendirent quelques minutes, et ce dernier annonça quelque chose. Le Crâ se leva, dépité. Alors que les autres s’apprêtaient à faire de même, le ciel sembla se déchirer. Une lumière blanche éclatante inonda le ciel nocturne. Les alentours commencèrent à geler légèrement. La troupe était bouche-bée, les yeux pointés vers le ciel. Une magnifique créature bleu-vif fit son apparition à la place de la lumière. Elle possédait une immense paire d’ailes, mais ne semblait pas en avoir besoin pour flotter dans le ciel. La créature prit la parole, puis regarda à tour de rôle chaque personne de la petite assemblée, avant de fixer la touffe de cheveux violets dépassant d’un rocher. L’apparition divine ordonna quelque chose, et la Sadida sorti de sa cachette. Un gigantesque bâton apparut alors, et sa pointe toucha le front de la jeune disciple de la nature. Puis la créature se volatilisa. Les aventuriers ne s’attardèrent pas, et disparurent rapidement.
Année inconnue, lieu inconnu.
Cyplane reprenait lentement ses esprits. Ses vêtements étaient mouillés, et elle était étalée sur une matière granuleuse et humide. Du sable… Ça ressemblait à du sable… Mais où était-elle donc ? Elle se redressa lentement, mais elle était épuisée… Décidément, que s’était-il passé ? Elle se laissa choir sur le sable, et rassembla ses souvenirs. La guerre se préparait, elle était chargée de délivrer un message au bataillon caché dans les plaines de Cania, afin d’attaquer l’ennemi de côté. Ensuite… Ensuite elle avait déjoué une embuscade, et alors qu’elle commençait à se détendre, elle était tombée dans une deuxième embuscade… Le chaos le plus total régnait dans la tête de Cyplane. Elle avait réussi à s’enfuir en utilisant son emprise sur le temps… Mais que faisait-elle ici, alors ? Alors qu’elle était plongée dans une profonde réflexion, une explosion de lumière dans le ciel l’interrompit. Elle sursauta violemment. L’apparition se situait à quelques dizaines, peut-être centaines de mètres -difficile à dire, la nuit trompe les sens- et était gigantesque. La lumière se contracta, et forma une étrange créature, d’une couleur bleu-vif. Soudain, Cyplane eu très froid, mais ce n’était pas la peur, non, le sable fin aussi se couvrait de givre. Elle décida de s’ensabler un peu plus pour ne pas trahir sa présence. L’apparition divine avait d’immenses ailes, mais ne semblait pas en avoir besoin pour se maintenir dans les airs. Une lumière blanche éclatante émanait d’elle. C’est ainsi que Cyplane remarqua que d’autres personnes assistaient à la scène : elles étaient devant la créature, et semblaient parler avec elle. D’un coup, un immense bâton jaillit, et vint toucher le front d’une jeune femme, une Sadida, sûrement, dont les cheveux étaient teintés d’un étrange violet. Puis la créature céleste disparut, d’un coup. Les témoins repartirent d’un pas empressé. Cyplane réessaya de se lever, en vain. Elle devrait passer la nuit ici… Elle ne savait même pas où elle était… Elle suivrait les traces des spectateurs. Elle rampa sur le sable, puis s’affala dans l’herbe fraiche des pâturages.
Elle fut réveillée par le soleil levant. La jeune femme s’épousseta, puis essaya de retrouver la traçe du groupe de la veille. Elle avait fait de la chasse étant plus jeune, aussi, elle retrouva rapidement les empreintes. Elles étaient assez profondes ; décidément, ils étaient pressés. La jeune femme suivit donc les traces, à travers les pâturages, qui lui semblaient étrangement familiers… Au détour du chemin, elle manqua d’avoir un infarctus. Devant elle se dressait, gigantesque, Bonta. Sauf qu’elle ne semblait pas du tout être prête pour un siège… La porte était même ouverte… Elle s’adossa à un arbre, et respira longuement pour calmer les battements de son cœur. Que s’était-il donc passé ? Il fallait qu’elle en apprenne plus. Cyplane se dirigea en courant vers la grande ville.
An 642, Bonta.
Cyplane frottait la table avec conviction. Depuis qu’elle était arrivée ici, il y a deux semaines, le seul logement qu’elle avait trouvé était dans cette taverne, la taverne du Ferayeur. Elle passait ses journées à laver et ranger les verres, à servir les clients, et nettoyer les tables. Mais au moins, elle dormait au sec. Elle avait réussi à recueillir des informations, et quelles informations ! Elle était en fait en 642 ; son cœur s’était arrêté de battre un instant lorsqu’elle avait entendu cela. Elle avait dû être victime d’une faille temporelle, comme il ne s’en produit que tous les siècles… Le tavernier l’avait regardée d’un air suspicieux lorsqu’elle lui avait demandé la date. Puis elle avait fini par le convaincre de l’embaucher comme serveuse pour une durée indéterminée. Dès qu’elle le pouvait –c’est à dire très rarement…- elle sortait, et essayait de retrouver les gens qu’elle avait aperçus lorsque la créature était apparue ; mais elle n’avait pour l’instant vu que la Sadida aux cheveux violets, sans avoir pu l’intercepter, et aucune autre occasion ne s’était représentée. Il faut dire qu’avec des horaires pareilles, pas facile d’aller se balader dans la rue… Elle consulta sa montre à gousset. Vingt-trois heures cinquante-neuf, et les clients commençaient seulement à sortir… Lorsqu’ils furent tous partis, et qu’elle eut lavé toutes les tables, elle alla dans sa petite chambre miteuse, et s’effondra sur son lit. Elle s’endormit aussitôt.
Aujourd’hui, c’est Lundi, jour de repos, qu’elle avait réussi à obtenir en échange d’une absence de salaire. Elle allait pouvoir mettre ce temps libre à profit pour essayer de retrouver un des membres du groupe. Elle se leva de bonne, heure, et sortit aussitôt. Le temps était clair, et il ne faisait pas froid. Elle chercha toute la matinée, sans succès. Ce ne fut qu’en début d’après-midi qu’elle vit l’homme mystérieux à la capuche sortir d’un grand bâtiment de pierre, dont les escaliers étaient encadrés de grandes colonnes. Cyplane ne perdit pas une seconde, et s’élança à sa suite, tout en l’interpelant, mais l’homme ne semblait pas l’entendre. Enfin, elle arriva à sa hauteur, et l’attrapa par l’épaule.
« Monsieur !
L’homme se retourna.
- Oui ? demanda-t-il d’une voix rocailleuse.
Cyplane reprit son souffle, et enchaîna.
- Bonjour, j’ai besoin que vous m’aidiez. Quand l’immense créature bleue est apparue, je vous ai vu, avec la Sadida aux cheveux violets, le Crâ, et la Sram. C’était quoi cette chose ?
Le regard de l’homme s’alarma aussitôt, ses yeux s’agrandirent. Il jeta un regard aux alentours, puis attrapa Cyplane par le bras, et l’entraîna à sa suite.
- Venez, souffla-t-il. Il faut que nous en discutions en privé.
Arrivés devant une grande maison, il prit des clefs de sa poche, et ouvrit précipitamment la porte, puis quand ils furent entrés, la referma rapidement à clef.
- Asseyez-vous, déclara-t-il, en montrant une chaise. Veuillez me pardonner ces manières, mais il ne faut surtout pas que quiconque entende ça. Alors, dites-moi qu’avez-vous vu ? Et en avez-vous déjà parlé à quelqu’un ?
- Non, je n’ai rien dit à personne. Bon, déjà, il faut savoir que je viens de l’an 26.
L’homme la regarda d’un air suspicieux.
- Je peux vous le prouver, j’ai toujours le parchemin que j’étais chargée de transmettre.
À ces mots, elle sortit le parchemin, humide, encore marqué du sceau de cire.
- Alors comment êtes-vous arrivé ici ?
- J’ai ralenti le temps pour m’enfuir, et l’horloge devait être dérèglée. J’ai été absorbée par le temps et l’espace, et j’ai atterri sur la plage au Nord de Bonta, quelques minutes avant l’arrivée de la créature. J’étais assez loin, et enfoncée dans le sable, c’est ainsi qu’elle ne m’a pas repérée.
L’homme était abasourdi. Comment une telle chose était possible ?
- Il faut que je convoque les autres membres du groupe pour décider de ce que l’on va faire de vous. Suite à l’apparition d’Ilyzaelle, car c’est son nom, nous avons décidé de crée une Guilde, Les Ailes d’Ilyzaelle. Si l’on suit notre logique, vous devriez y entrer, car vous l’avez vue, mais je dois décider avec les autres membres. »
Il appela un messager, et rédigea rapidement une lettre en trois exemplaires, puis les lui tendit, non sans avoir auparavant apposé un sceau spécial.
« Faîtes-vite. »
Le messager parti en courant.
« Au fait, ajouta-t-il, je ne me suis pas présenté, je me nomme Jerhyn Gholein, et je suis le représentant de l’Ordre du Cœur Vaillant au Grand Conseil.
- Moi, c’est Cyplane, membre de l’Ordre de l’Œil Attentif »
Ils attendirent quelques minutes, puis les membres arrivèrent un-par-un. Ils regardèrent Jerhyn et Cyplane d’un œil interrogateur.
« Il faut que je vous parle en privé, annonça-t-il. Cyplane, allez dans la pièce d’à côté, s’il vous plait. »
La jeune femme s’exécuta, et les membres des Ailes d’Ilyzaelle commencèrent leur discussion.
[HRP] Donc voici ma candidature, j'espère qu'elle vous plaira, car j'ai mis du temps à la faire. Concernant mes motivations, je pense que tout le monde postulant pour cette Guilde aura les mêmes, c'est à dire que je cherche à rejoindre des Rôlistes Bontariens, et cette Guilde est la seule Bontarienne, voilà voilà.
Pour mon personnage, elle est niveau 165, Bijoutier, Forgeur de Pelles, et Alchimiste, et je viens d'Amayiro.
J'espère que vos votes seront positifs !
Cyplane. [/HRP]